Studio + : une forme d’écriture ambitieuse à vocation internationale

Une écriture nouvelle inspirée des modèles anglo-saxons

Dix minutes, dans les narrations anglo-saxonnes, c’est aussi le laps de temps entre deux espaces publicitaires. Dans les formats de 42 minutes aux Etats-Unis par exemple, il y a toutes les dix minutes une page de pub précédée d’un cliffhanger, rebondissement narratif qui permet de maintenir le téléspectateur en haleine le temps de la publicité. L’écriture très ciselée des séries de Studio+ s’appuie sur cette méthode.

10 x 10 minutes c’est aussi le temps d’un long-métrage, sauf que dans les longs-métrages, il y a souvent une phase de plateau dans la narration, soit un temps mort entre la quarantième et la soixante-dixème minute selon Gilles Gallud. Ce plateau est précisément le moment où on commence à s’ennuyer en attendant le dénouement. Le découpage opéré par Studio+ en épisodes de 10 minutes a pour vocation de casser ce schéma et de maintenir un rythme tout au long de la série avec l’utilisation des cliffhanger, précise Catou Lairet.

Studio+, un diffuseur ouvert à tous les projets ambitieux

Gilles Gallud et Catou Lairet sont donc allés chercher des nouveaux talents, comme par exemple des jeunes réalisateurs qui viennent de la publicité ou du clip, mais aussi des réalisateurs confirmés qui voulaient se frotter à une nouvelle écriture. Studio+ entend apporter de la fraîcheur au public mais aussi aux professionnels, en rompant avec les séries au format plus lourd, qui sont très longues à écrire et à produire. Ici, les séries sont en effet développées et produites dans un temps très court : il se passe en moyenne quinze mois entre le lancement du développement et la diffusion.

Et Studio+ a grandement séduit les professionnels avec plus de 1200 projets reçus depuis le lancement en juin 2015. Pour toutes ces raisons, Studio+ attend des projets innovants et qui retiennent l’attention. Ils se tournent vers les projets les plus puissants, les plus aboutis et les mieux argumentés. Gilles Gallud conseille à ce propos de pousser la proposition au maximum en ajoutant au dossier traditionnel un moodboard soigné qui donne une bonne idée de l’univers visuel, ainsi qu’un arc narratif qui permet d’entrevoir la saison entière.

Au-delà, le studio recherche des séries feuilletonnantes avec un cliffhanger à la fin de chaque épisode et une saison bouclée. Et voici d’ailleurs comment Gilles Gallud et Catou Lairet résument leurs exigences : de la qualité cinématographique et de l’évasion visuelle.

Les genres développés depuis le début de Studio+ sont donc puissants et mettent le spectateur en tension : action, thriller, suspense, baston, aventure, horreur (et même zombie !). Ces genres se prêtent selon eux très bien à leur contrainte d’écriture et au 10 x 10 minutes : on embarque le téléspectateur dans une aventure où il se passe quelque chose à chaque épisode.

Le cahier des charges pour une série
– Format 10 x 10 minutes
– Genre accrocheur : action, suspense, aventure etc
– Cliffhanger à chaque fin d’épisode
– Trame feuilletonnante
– Saison bouclée

Canevas d’un dossier Studio +
– Résumé court
– Synopsis détaillé
– Scénario du premier épisode
– Description des personnages
– Arche narrative de la saison
– Notes d’intentions
– Moodboard détaillé

Kali (2016) Studio +
Production : France
Tournage : France
Langue : Français
Surf Therapy (2016) Studio +
Production : France
Tournage : Maroc
Langue : Anglais

Des ambitions mondiales qui conditionnent l’écriture

Avec Studio +, le terrain de jeu devient mondial. Le studio a déjà tourné environ vingt-cinq séries pour l’instant, dans dix-huit pays différents : des Etats-Unis à la Thaïlande en passant par le Danemark et la France. Car l’application Studio + a été conçue spécifiquement dans une dimension internationale avec des thèmes universels et des histoires exportables. Si les thématiques peuvent être locales, elles doivent néanmoins parler à tout le monde.

Pour assurer cette diffusion mondiale, Studio+ propose toutes les séries dans cinq langues (anglais, portugais, espagnol, italien et français) et les lancements par pays s’enchaînent depuis octobre : en Argentine, Urugay, Mexique et Pérou le 24 octobre, au Brésil le 17 novembre, en France 24 novembre et le 25 novembre en Italie. Elle sera très bientôt disponible dans le reste de l’Europe, et un lancement aux Etats-Unis et en Russie est prévu avant la fin du premier semestre 2017. Pour satisfaire ces exigences, Gilles Gallud et Catou Lairet travaillent avec des coproducteurs dans différents pays ou des producteurs français qui ont des filiales dans des pays étrangers. Sur les vingt-cinq premiers projets, vingt-deux étaient français mais ils ont été tournés à l’étranger, avec des auteurs, techniciens et réalisateurs locaux.

Il est très difficile de connaître la réaction du public quant à ce nouveau format car il est encore trop tôt pour avoir le recul nécessaire. Néanmoins, Studio + n’est pas la seule société à se lancer dans ce pari. Plusieurs compagnies américaines et britanniques tentent l’aventure. Et il y a même déjà une autre société française, Black Pills, qui s’impose comme un nouvel acteur de ce marché. Dans le même temps, il y a de très nombreux producteurs indépendants qui se lancent dans ce format. Si à l’origine leurs projets étaient destinés à Youtube, ils sont de plus en plus fabriqués pour les plateformes.

Studio + à la Fête du court métrage 2016

L’organisation de Studio + à travers la série T.A.N.K.