Arnaud Le Gal : Portrait

Le petit questionnaire des Effeuilleurs :

Le bac en poche, qu’est-ce que vous vous imaginiez faire de votre vie professionnelle ?

Je n’avais aucune idée précise, hormis le fait qu’il était hors de question de poursuivre dans les filières scientifiques vers lesquelles j’avais été orienté au lycée. Seuls la politique, la musique, les voyages et le cinéma me passionnaient, seules les langues et l’histoire m‘attiraient dans le cadre scolaire.

Quel a été le déclic, comment/pourquoi avez-vous eu envie de travailler dans les médias ?

Il n’y a pas eu de déclic précis. Juste une envie permanente de ne pas travailler dans les structures classiques, sur des activités de production ou de services classiques, avec des chaïnes hiérarchiques traditionnelles. Et en amont de cela, des moments de médiatisation qui m’ont profondément marqué. J’ai des racines au Maroc et au Portugal. Je me souviens d’entendre à la radio, je devais avoir 7 ans, le son de l’exécution des jeunes conspirateurs qui avaient tenté d’assassiner le roi du Maroc à Skhirat. Je me souviens des images de la Révolution des œillets au Portugal en 1974, j’avais 10 ans. Je me souviens des reportages qui m’ont fait vivre la révolution punk, dont je suis un enfant. Je me souviens des médias qui m’ont permis de comprendre ce qu’était l’Irlande du Nord, l’une des grandes affaires de ma vie. Je me suis dit qu’il n’y avait rien de mieux que d’aller voir le réel et le faire partager.

En quelques moments-clés, quel est votre parcours professionnel ?

Pas d’école de journalisme au départ.

Début en tant que remplaçant à Ouest-France le week-end et les vacances alors que j’étais étudiant, en 1984 (j’avais 20 ans).

Puis, dans l’ordre :

  • 8 ans de presse quotidienne régionale dans l’Ouest et le Sud de la France ;
  • Parallèlement des piges dans la presse spécialisée sur l’éducation et le rock ;
  • La presse nationale spécialisée éducation à partir de 1992
  • 6 années en agence communication de 1994 à 2000, pour découvrir d’autres facettes de l’univers médiatique, et aussi me mettre matériellement à l’abri de la crise qui sévissait dans les médias après la première Guerre du Golfe ;
  • Un retour dans la presse économique en 2000 ;
  • 10 années à la tête du magazine L’Entreprise, où j’ai commencé à travailler sur la diversification des revenus et la mutation des modèles économiques ;
  • Les Echos depuis 2010, à ne plus faire que des opérations spéciales et du développement, toujours dans cette logique de disruption et de réinvention des modèles économiques ;
  • Enseignement au Celsa depuis 1995, d’abord sur les techniques journalistiques, puis sur les modèles économiques et l’innovation dans les médias, avec aussi une participation à la réflexion sur la stratégie de l’école.

Quel poste occupez-vous aujourd’hui ?

Je suis rédacteur en chef aux Echos, en charge des opérations spéciales (print, web, événements, vidéo) et de notre offre Entrepreneurs.

Comment est rythmée votre semaine/journée type ?

Cela n’existe pas ! J’ai une assistante qui fait des merveilles avec mon agenda. J’ai des réunions récurrentes où l’on programme nos dossiers spéciaux, un calendrier des événements que nous organisons, avec en particulier ceux que j’anime (je passe un peu plus de deux mois par an en région ou à l’étranger), une réunion hebdo avec notre équipe du site les Echos Entrepreneurs, un enregistrement toutes les deux semaines. Pour le reste, mon assistante filtre toutes les demandes, et je programme des choses en plus de mon côté, selon trois grands axes : l’intelligence économique (pour repérer les sujets émergents) et la veille concurrentielle, les échanges avec des partenaires et annonceurs potentiels, des rencontres avec les entrepreneurs, des événements à animer, et des rencontres diverses pour préparer de nouveaux développements.
J’essaie de limiter le nombre de réunions récurrentes. Celles qui restent doivent être courtes et toujours avec un ordre du jour précis. Pour le management, je suis adepte de la délégation : les gens qui travaillent autour de moi ont une large autonomie dès lors qu’un projet est lancé, grâce au fait qu’en amont, j’ai précisé avec eux tous les enjeux stratégiques et les grandes lignes éditoriales. Ensuite nous fonctionnons selon le principe de subsidiarité : si un problème réclame un arbitrage, ils m’en font part, en général par mail (je ne dois pas être plus de 20-25 % de mon temps à mon bureau) et je tranche, rapidement.

Vous êtes professeur-intervenant au CELSA. Si vous deviez donner un conseil à un(e) étudiant(e) du parcours Médias…

De toujours se positionner en apporteur de solutions sur les transformations que vont devoir engager les entreprises de l’univers dans lequel elle / il travaille. Ce qui suppose d’être toujours en alerte sur l’évolution du comportement des clients, de la conjoncture économique du marché concerné à l’échelle locale ou mondiale, sur l’évolution de l’hyper-compétition entre les acteurs du marché ou dans des domaines proches, sur les innovations transposables dans cet univers… Bref, de toujours vouloir être un stratège, ou un conseil en stratégie, sur son domaine d’activité.

Qu’attendez-vous d’un futur diplômé du CELSA, s’il est stagiaire ou jeune professionnel dans votre entreprise ?

De la curiosité, de l’autonomie, une capacité à repérer les tendances décisives, pas uniquement dans le secteur d’activité concerné, une aptitude à travailler en équipe et à penser en dehors des cadres.

Arnaud Le Gal - Rédacteur en chef - Les Echos