L’évolution du cinéma transgenre
En cent ans, les transgenres ne sont apparus qu’avec parcimonie au grand écran, mais y sont tout de même parvenu : de « Madame Charlot » (1914), « C’est ma femme » (1929), « Dr Jekyll et Sister Hyde » (1971), « Madame Doubtfire » (1993), à « The Danish Girl » (2015), les productions cinématographiques ont permis à la transidentité d’apparaitre à l’écran et, a fortiori, dans le domaine public. La diffusion de ces œuvres est plutôt vouée à un public qui se sent concerné, dans un rapport paradoxal entre une volonté d’inclusion et d’exclusion.
Le réalisateur Xavier Dolan est précurseur des volontés de banalisation des thèmes LGBTQ+ au cinéma. En février 2011, il entreprend le tournage de « Laurence Anyways » dans lequel un homme annonce à sa petite amie qu’il veut devenir une femme. Il semblerait que la tendance évolue. En effet, « Girl », qui met en scène une jeune danseuse en transition, a remporté quatre prix au Festival de Cannes en 2018, parmi lesquels la Queer Palm.
Si auparavant les films transgenres étaient destinés aux personnes directement concernées par ce sujet, aujourd’hui, une ouverture au grand public semble s’opérer. En effet, des films traitant des questions d’identité de genre et d’homosexualité rencontrent beaucoup de succès. Toutefois, l’auto-exclusion exercée par le cinéma queer lui-même, en cloisonnant les productions cinématographiques dans des festivals dédiés, et l’exclusion exercée par le public, témoignent du fait que le sujet de la transidentité au cinéma n’est pas encore normalisé. La grande majorité des films dans lesquels un acteur ou une actrice est transgenre font de la transidentité leur sujet principal : l’acceptation des transgenres est encore un enjeu.