Effeuillage et le Hacking de l’Hôtel de Ville 2017

Le 24 mars 2017 avait lieu la troisième édition du grand Hacking de l’Hôtel de Ville, organisée par la Ville de Paris et l’agence Paris&Co . A cette occasion, 4 000 participants ont pu rencontrer pas moins de 1 162 start-ups. Vivier de l’innovation unique en son genre, les Effeuilleurs étaient bien évidemment partenaires et sur le terrain : nous avons rencontré pour vous Jean-Louis Missika, membre du Conseil de Paris et adjoint au maire de Paris chargé de l’urbanisme, de l’architecture, des projets du Grand Paris, du développement économique et de l’attractivité. Derrière ces mots, un objectif pour cette année : la France en 2024 ! En partenariat avec La Tribune.





Effeuillage : Vous vous êtes fixé comme objectif d’accueillir 30% de startups étrangères dans les incubateurs de Paris, contre 12,5% actuellement. Comment comptez-vous y arriver ?

Jean-Louis Missika : Je pense d’abord qu’il y a un mouvement naturel. L’ouverture de la Station F en est un bon exemple, avec les accords conclus entre Xavier Niel et les GAFA. La Station F ambitionne de devenir le campus mondial de l’entrepreneuriat dans le sud de Paris et de rassembler tout ce dont ont besoin les startups. Facebook installe d’ailleurs son premier garage hors territoire américain à la Station F. Ce phénomène d’internationalisation va se faire naturellement, mais nous l’accélérons et nous l’accompagnons.

Nous avons plusieurs projets qui vont dans ce sens. Il y a par exemple les accords entre incubateurs : à chaque fois que la Maire de Paris fait un déplacement à l’international, il y a désormais et de manière systématique un volet Innovation dans les accords de coopération. Nous en avons avec Berlin, Amsterdam, New York, Chicago, Mexico, Tel-Aviv… Et bientôt un partenariat avec Londres, qui va être signé à la fin du mois de mars, lors de la visite du maire de Londres, Sadiq Khan, à paris. Aujourd’hui, ces accords d’échanges de startups font venir à Paris des entreprises étrangères qui veulent explorer le marché européen.

Nous avons aussi le Paris French Tech Ticket pour pouvoir accueillir des startups du monde entier. On reçoit des startups chinoises, américaines, latino-américaines, africaines… On espère d’ailleurs la création d’une plateforme qui serait entièrement consacrée à l’innovation africaine. C’est important, l’Afrique est un territoire de développement considérable.

Enfin, il y a des outils, comme le Paris Landing Pack qui se situe sur le plan de la facilitation. Nous aidons dans leurs démarches des entreprises innovantes qui souhaitent s’établir à Paris. Il y a tout un environnement que nous essayons de développer pour qu’il y ait de plus en plus d’écoles bilingues et de lycées internationaux, nous essayons aussi de faciliter l’obtention des visas par exemple.

Comment se construit un environnement compétitif ? Par le travail avec avec la Station F ?

La station F va être un lieu de visibilité. Mais il n’y a pas que Station F… Par exemple, l’usine IO a des programmes d’accélération avec des concours qu’elle lance à l’échelle internationale. Il y a énormément d’opérateurs qui viennent nous voir et qui sont en fait des gestionnaires d’incubateurs de plateforme d’innovation, qui ont réussi dans d’autres pays et qui veulent ouvrir à Paris. Nous sommes en discussion avec le LabCentral, le grand incubateur de Lab Biotech de Boston.

Quels sont les atouts d’une ville comme Paris par rapport à Los Angeles, qui dans l’imaginaire collectif est liée à la Silicon Valley ?

Tout d’abord, pour avoir vécu et enseigné à Los Angeles, je peux vous assurer que la Silicon Valley est très loin psychologiquement et géographiquement de Los Angeles. Ensuite, je constate une chose : nous organisons le Hacking de l’Hôtel de Ville, et l’on voit apparaître dans la presse cette information : Los Angeles va faire un hackathon à UCLA avec 1.000 étudiants… Cela a un petit côté suiveur : il y a l’économie de l’innovation et puis il y a l’économie de l’imitation. Et là on est plutôt dans l’économie de l’imitation ! Je pense que l’écosystème parisien de l’innovation est très différent de celui de la Silicon Valley. C’est pour ça que je pense que cela n’a aucun sens de dire qu’il faut devenir comme la Silicon Valley.

Quelles sont les différences avec la Silicon Valley ?

 L’écosystème de Paris est beaucoup plus ouvert. Les GAFA sont tellement puissantes qu’il y a d’un côté les GAFA et, de l’autre, les startups qui tournent autour d’elles, comme les planètes autour du soleil. Ensuite, c’est un écosystème centré sur le numérique. La relation entre grands comptes et startups, le fait que nous ayons créé des incubateurs dans des secteurs d’activité qui ne sont pas nécessairement ceux auxquels on pense en premier en matière d’innovation – le tourisme, le sport, la logistique… – Tout  cela fait de Paris un écosystème particulier. Cette mise en relation entre l’ancienne et la nouvelle économie, entre tous les secteurs d’activité c’est notre marque de fabrique. Alors que la marque de fabrique de la Silicon Valley – et je ne parle pas de Los Angeles, c’est encore autre chose – c’est d’être un écosystème centré sur le numérique.

On estime qu’il n’ y a qu’environ 10 % de femmes à la tête de startups, quelle peut être la réponse politique à ce constat ?

Paris est un leader mondial en terme de création d’entreprises par des femmes. Les dernières statistiques donnent 23 % d’entreprises dirigées par des femmes et ce chiffre est largement au-dessus de celui enregistré dans les autres villes.

Et que peut-on faire pour remédier à cette situation dans l’écosystème des startups en particulier ?

Nous soutenons un incubateur très connu, qui s’appelle Paris Pionnières, consacré à l’entrepreneuriat féminin et on lance des programmes spécialisés. On s’est rendu compte lors de la première promotion du Tremplin, un incubateur consacré au sport, qu’elle était à 100 % composée d’hommes. Nous nous sommes fait interpeller à juste titre par le groupe d’action féministe La Barbe… Nous avons donc lancé un programme spécifique qui s’appelle Les Sprinteuses, dont la vocation est de booster l’entrepreneuriat féminin. Mais il y a un fossé dans les écoles d’ingénieur qui se ressent ensuite dans l’entrepreneuriat. Il y a aussi une question sociale. Dans un couple, par exemple, il n’y en a souvent qu’un seul des deux qui peut prendre des risques. Et c’est plus souvent l’homme que la femme qui a le dernier mot sur celui qui prend les risques. Donc la femme assure le quotidien en gagnant sa vie comme salarié pendant que Monsieur fait sa startup. Il faut que ça change.

Pour finir, quels sont les grands enjeux pour Paris en 2017 ?

Accueillir et organiser les Jeux olympiques en 2024 !

Nicolas Guyonnet, Etudiant Médias & Management 2016-2017