Rencontre avec Samuel Prat, coordinateur de la Fête du court

Audace, créativité, originalité… l’industrie du format court fait émerger de nouveaux talents, invente de nouvelles écritures, bouscule les circuits de diffusion, fédère encore et toujours. Du 15 au 18 décembre 2016 dans plus de 3500 lieux à travers la France, ces formats seront à l’honneur grâce à la première édition de la Fête du Court ! Les Effeuilleurs sont partis à la rencontre de Samuel Prat, son coordinateur général.

Effeuillage La Revue : C’est la première édition de la Fête du Court Métrage cette année, pouvez-vous nous raconter comment l’aventure a débuté ?

Samuel Prat : Pour en revenir aux origines, l’Association Faites de Courts, Fête des Films a été fondée grâce aux énergies conjuguées de Roland Nguyen, Julie Gayet, Alain Rocca et Amélie Chatelier. Leur volonté était de rassembler les « tribus » du court métrage afin de mettre en place une grande fête populaire et toujours mieux faire connaître ce format singulier du cinéma. En Normandie, à Trouville, Off Courts, un festival de court-métrage franco-québécois préparant déjà sa dix-huitième édition ! FCFF nous a contacté et proposé la mise en place d’un événement au Carreau du Temple à Paris, appelé alors Le cinéma c’est jamais trop court. Nous y avons apporté notre touche personnelle, avec des ateliers variés et des rencontres. L’idée de cet événement était de permettre au grand public d’approcher le court métrage de manière ludique, et donc de mieux connaitre le cinéma et les métiers du cinéma.

Comme cette aventure s’est bien passée. Le CNC s’est rapproché de nous et de l’Agence du Court, qui organisait en parallèle Le Jour le plus Court, pour nous demander de fusionner. Voilà comment tout a commencé !

Il s’agit donc d’organiser un événement national ?

La Fête du court métrage, c’est un plan de diffusion national : l’orchestration de 6000 projections dans plus de 3500 entités différentes comme des lieux culturels, des écoles, des prisons… C’est aussi un plan festif, qui va se retrouver dans 25 villes françaises, où seront proposés des ateliers de pratique amateur, des conférences, des animations…

Pour cela nous avons choisi des structures en province capables de reproduire notre formule : des structures œuvrant déjà dans le circuit du court-métrage et ayant des réseaux, qui sont souvent déjà organisatrices d’autres événements dans le secteur. A titre d’exemple, nous travaillons avec l’Hybride à Lille, l’association Clair-Obscur à Rennes, Ciel ! Noctambules à Saint Etienne ou encore avec Courant3D à Angoulême.

Il faut désormais coordonner tous ces événements sur le territoire, s’assurer que tout cela est bien sous la même marque et défende une même image cohérente. L’enjeu est d’arriver à positionner cette Fête du Court Métrage pour qu’elle devienne quelque chose d’identifié par le plus grand nombre et qu’elle sensibilise le grand public au court-métrage et donc au cinéma.

La programmation proposée sera-t-elle la même dans les différentes villes ?

Pas exactement. Avec l’Agence du court-métrage, nous avons proposé aux entités un catalogue de 26 programmes auquel s’ajoutent 12 films unitaires dont nous avions les droits. Nous leur avons donc donné la possibilité de piocher ce qu’ils voulaient programmer.
Chaque organisateur peut ensuite ajouter des choses spécifiques à son identité ou à son territoire et lui donner une saveur particulière.

Quelle est spécifiquement la programmation à Paris ?

En plus des séances de projection, nous allons montrer au public un décor de cinéma et son envers. Nous allons faire des ateliers thématiques, il y aura des stands comme un stand consacré au maquillage FX, une photobox… Nous allons permettre au public de découvrir des métiers, tels les métiers du doublage, de producteur et celui de distributeur.

Il y aura aussi des tables rondes avec des acteurs comme le SPI, la SACD, Studio Bagel, ou avec des professionnels du cinéma comme Philippe Lioret ou Vincent Lacoste. Le programme est riche !

Nous parlons pour le moment de « courts-métrages », faudrait-il plutôt désormais employer celui de « formats courts » ?

Il est vrai que nous voyons de plus en plus cette notion de « format court » employée par exemple chez les diffuseurs et dans les institutions. Les formats courts peuvent être des clips, des court-métrages – qu’ils soient d’animation, de fiction, ou expérimental – mais aussi foule de nouvelles choses que l’on voit émerger grâce à internet. Sur le web, certains réalisateurs viennent du cinéma, d’autres commencent là et finissent par faire du cinéma ; nous ne savons plus très bien où se situe la frontière.

En 2016, il faudrait être aveugle pour réduire le mot « court-métrage » à quelque chose de très académique. Les « nouveaux écrans » font que cela évolue et que le mot englobe de nouvelles choses.

Cependant, au-delà du terme, ce qui nous intéresse avec l’équipe de la Fête du Court Métrage, c’est la création, la créativité que cela génère.

Ces nouveaux écrans et nouveaux moyens de production et de diffusion ont-ils permis selon vous un regain d’intérêt pour le court ?

Le public a toujours été intéressé… Il y a de nombreux événements qui sont depuis longtemps consacrés au court-métrage et qui drainent du public, même s’il faut sans cesse arriver à toucher de nouvelles personnes.

Il est vrai cependant que la généralisation des écrans au quotidien avec l’arrivée du téléphone et de la tablette a permis la démocratisation du format court, et donc du court-métrage. Cela permettra je l’espère, de donner des choses étonnantes. Les jeunes sont beaucoup plus sensibilisés à l’idée de faire de l’image, de la monter, et de raconter des histoires, avec des outils qui n’existaient pas avant.

Si vous deviez nous donner les trois caractéristiques principales de votre événement ?

Créatif, ouvert à tous et gratuit ! Nous voulons que chacun puisse venir découvrir, mieux connaître, être sensibilisé au monde du Court. Nous avons aussi essayé de proposer quelque chose de suffisamment qualitatif pour que les professionnels y trouvent leur compte. Nous espérons que cet événement devienne un moment récurent, qu’il soit identifié, qu’il  puisse susciter l’envie et qu’il rende les gens plus attentifs au monde du court-métrage.

Lucie P. - Etudiante Médias & Management 2016 - 2017