Dans le cadre de la Fête du court métrage 2016, Les Effeuilleurs ont rencontré Hélène Vayssières, responsable du court-métrage chez Arte France, acteur incontournable en la matière, aussi bien dans le domaine de la diffusion que dans celui de l’accompagnement. Elle s’occupe notamment de Court-circuit , la case dédiée au court-métrage sur Arte le mercredi après minuit, ou des séries courtes comme Silex and the city, Blaise et La minute vieille…
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Effeuillage La Revue : Quel est votre métier et en quoi consiste-t-il?
Je suis responsable des courts au sein d’Arte France, qui est le pôle français de la chaîne européenne Arte. Je m’occupe de tous les courts-métrages, dont l’émission Court-circuit, qui est diffusée tous les mercredis autour de minuit. Cette émission est constituée d’achats, de pré-achats et de quelques co-productions de court-métrages ; on diffuse aussi des sujets magazines. Court-circuit est alimentée à 50/50 par la France et l’Allemagne.
On reçoit en moyenne 1200 courts-métrages terminés par an. On en achète une trentaine. On reçoit 350 en pré-achat et on en achète aussi une trentaine. On se concentre sur la fiction, l’animation, et on fait un petit peu d’expérimental. C’est avec cela qu’on compose Court-circuit. Mon travail consiste donc à choisir ces films.
Quels sont les critères de sélection?
Pour commencer, on a toutes les durées! Sur Court-circuit, on va jusqu’à 30 minutes mais on a aussi une case moyen-métrage qui va jusqu’à 59 minutes. On couvre donc tout le spectre du court-métrage, pourvu que ce soit de la fiction, de l’animation ou de l’expérimental, qu’importe le genre (comédie dramatique, science-fiction, policier, intime etc.). Nous ne sommes pas non plus dans l’attente d’un sujet en particulier : ce qui prime pour nous, c’est le point de vue… Un point de vue spécifique, original sur le fond, sur la forme ou sur les deux. On attend de découvrir les réalisateurs de demain, qui ont un point de vue sur des sujets et qui sont aussi dans la tradition du cinéma.
Qu’est-ce que vous retenez de cette année 2016 en court-métrage?
En animation, je dirais Une tête disparaît de Franck Dion qui a eu le grand-prix à Annecy. Il est aussi pré-sélectionné aux Oscars et aux Césars. C’est un réalisateur qu’on avait déjà suivi sur Edmond était un âne. C’est une co-production entre Arte France et l’Office National du Film au Canada.
En fiction, il y a un film marquant, un moyen-métrage : Le gouffre, de Vincent Le Port. Il a obtenu plusieurs prix dont le prestigieux prix Jean Vigo. C’est un film d’auteur un peu fantastique à la française, en noir et blanc. Il a bien tourné en festival alors que ce n’est pas une durée facile…
Au bruit des clochettes de Chabname Zariab a bien fonctionné cette année et a encore obtenu des prix, comme au Festival Tous Courts à Aix-en-Provence. Il est présélectionné au Césars…
Certains de nos films ont bien tourné dans les festivals cette année!
Qu’avez-vous présenté à la Fête du court?
Chez Arte, je m’occupe aussi des séries courtes, comme Silex And The City, La minute vieille, Blaise etc. C’est aussi une de nos spécificités alors on a décidé de faire intervenir Marion Montaigne, la créatrice de Tu mourras moins bête pour expliquer comment on adapte une bande-dessinée en série animée. Elle a fait une mini-conférence avec la réalisatrice Amandine Fredon pour expliquer toutes les étapes. Ce n’est pas du court-métrage pur et dur mais c’est de la forme courte, et chaque épisode est un petit court-métrage à lui tout seul. Le samedi nous avons donc mis l’accent sur cette série avec la diffusion d’un épisode de la deuxième saison en avant-première.
Le dimanche on a fait une démo d’une application qui s’appelle Autograf, qui permet de résumer un film avec des graphismes. On résume par écrit l’idée et l’application met ça en images.
On met aussi en avant notre concours de film d’animation destiné des étudiants francophones. Il se termine le 31 mai 2017 et le gagnant sera acheté par Arte!
Quelles sont les spécificités françaises en terme de court-métrage?
Le court-métrage est très aidé en France, c’est une chose importante. On a aussi quatre chaines de télévisions qui diffusent régulièrement du court-métrage (Arte, Canal Plus, France 2 et France 3, NDLR). Il y a aussi énormément de festivals de court-métrage. Je pense qu’on en a plus de 300… A vérifier! On a aussi le plus gros festival au monde avec Clermont-Ferrand, qui a reçu cette année plus de 1600 films français et quelques 6000 films étrangers. La France est parmi les plus gros producteurs de courts-métrages au monde.
Quelles sont les évolutions actuelles du court-métrage ?
Il n’y a plus de problèmes techniques au niveau de la réalisation. On n’est plus dans l’époque de la pellicule et les nouveaux outils ont permis aux jeunes générations de s’emparer de la technique.
Du point de vue des écritures, on remarque une accélération du rythme, peut-être due à la société dans laquelle on vit. On a un montage plus rythmée qui fait passer les films des décennies précédentes comme plus lent, d’un point de vue technique toujours.
Il y a eu quelques nouvelles écritures avec la 3D, mais ça n’a pas vraiment perduré. Il y a toujours des films américains grand spectacle en 3D, mais en France en tout cas ça n’a pas pris, ni au cinéma ni à la télé. En ce moment, il y a des nouveautés en cours, avec tout ce qui concerne la réalité virtuelle ou l’interactivité. Pourtant, dans les court-métrage que nous voyons les écritures restent plutôt classiques, tout en écoutant leur époque, bien sûr!