« Au paradis leur vie va basculer », voici la signature de l’émission de NRJ 12 qui emmène pour la troisième saison douze candidats à Tahiti, pour y mener une mission humanitaire avec son lot de surprises. Diffusé du lundi au vendredi à 17h30, ce concept huilé avec des participants rodés permet à la production d’exploiter au mieux l’interaction entre le contenu de l’émission et la publicité.
Une émission conçue comme une série télévisée
Il suffit de s’intéresser à un épisode (n°31 du 8 octobre 2013) pour observer que le modèle économique de cette émission repose sur sa scénarisation. Décor, personnalités, intrigue, tout est minutieusement anticipé par la production pour faire de ce programme un parfait tremplin pour la publicité.
Certains candidats ont déjà participé à une téléréalité, ils sont donc au fait des rouages du système. Ils viennent se construire une célébrité et entraînent avec eux le public qui les suivait déjà. Un avantage non négligeable pour la production qui les rémunère beaucoup moins que de réels acteurs. Les deux mois de tournage permettent de monter l‘émission comme une série avec son lot de séquences chocs et de suspense orchestrés dans chaque quotidienne. On retrouvera d’ailleurs les moments les plus marquants dans les zappings tv. De plus, les téléspectateurs sont invités à traiter avec dérision ce programme, à commenter et échanger sur internet, ce qui apporte une nouvelle dimension à l’émission, accroît sa notoriété et donc l’intérêt des annonceurs.
Une mise en scène au service de la consommation
In fine, l’aspect caritatif apparaît pour ce qu’il est : un prétexte. En effet, il n’a pas été évoqué une seule fois pendant l’épisode. En revanche, deux thèmes sont au cœur de l’intrigue et des conversations : le lieu paradisiaque et l’importance des apparences.
Tahiti, tant dans les commentaires des candidats, dans les plans caméra que dans les activités proposées, est ainsi sans cesse mise en avant. Au cours de l’épisode, deux activités sont mises en scène. Certains partent faire de la plongée, d’autres, faire un trek en forêt, le téléspectateur peut alors observer le large choix d’activités que propose l’île et la beauté des différents paysages qu’elle offre.
Cet environnement permet également de dévoiler les corps, et ce dès le générique, dans lequel chaque participant se présente, en maillot de bain, dansant sur une plage.
De même lors de la plongée, quand Beverly insiste pour garder ses chaussures à talons dans l’eau ou lors du départ en randonnée, où Zerko refuse de porter un sac à dos qu’il juge trop laid, il est sans cesse question de maîtriser son image. A l’instar de Beverly qui conclut par « soit tu as un style soit non », les filles se maquillent pour le trek, expliquant qu’il faut savoir être belle en toutes circonstances. Cette constante mise en scène du paraître incite les téléspectateurs à se soucier de leur apparence et crée ainsi un terrain propice à la consommation.
On comprend que c’est la relation entre le contenu même de l’émission et la publicité qui fait le succès de la recette. Les candidats qui cherchent à vendre leur image deviennent alors, par le biais de la production, les parfaits instruments des annonceurs qui cherchent à vendre leurs produits.
Crédits photo: NRJ12