Frédéric Daruty, directeur exécutif de Prisma Media : Portrait
En quelques moments clés, quel est votre parcours professionnel ?
En sortant de l’école de commerce (Sup De Co Le Havre), j’ai rejoint Procter & Gamble où je suis resté 9 ans, assurant des responsabilités commerciales et marketing. En pleine bulle, j’ai rejoint le Business Development d’un site de e-commerce en 2000. L’éclatement de la bulle m’a forcé à rejoindre un groupe plus solide – AOL-TIMEWARNER – pour y développer les activités de régie publicitaire de la régie AOL. En 2008, je suis devenu le DG d’AOL gérant les activités d’audience et de régie publicitaire. En 2010, je suis rentré au comité de direction de Prisma Presse, devenu Prisma Média depuis, en tant que Chief Digital Officer. Je suis Directeur Exécutif du groupe depuis début 2015, en charge du digital (technologies, data et expertises transverses), des fusions & acquisitions, des abonnements, des filiales digitales et de la maison d’édition de livres.
Au cours de votre parcours, quel a été le déclic / pourquoi avez-vous eu envie de travailler dans un groupe de presse ?
Après avoir migré vers les médias dans une activité purement digitale (AOL), la force des marques et la qualité des contenus m’ont toujours semblé fondamentales à la réussite. Le groupe Prisma a toujours été extrêmement vigilant sur le développement des attributs d’image de ses titres.
Mais comme beaucoup de groupes de presse magazine, il n’a pas subi la même urgence que la presse d’information quotidienne à se transformer au cours de la 1ère décennie du 20ème siècle. L’opportunité d’œuvrer à la transformation de ce groupe, tout en s’appuyant sur les marques et le contenu, m’a alors vraiment intéressé.
En tant que directeur exécutif de Prisma Media, comment est rythmée votre journée type ?
Il n’y a certainement pas une journée type pour un directeur exécutif d’un groupe média, et pas nous plus pour ma propre activité. Ma lecture digitale de cette activité m’incite chaque jour à être attentif au trafic des sites et applications, aux parcours des clients sur nos supports, mais aussi aux revenus générés (la principale source étant publicitaire, elle se lit tous les jours, sur nos marques comme au sein de nos filiales). Ayant plus d’une dizaine de direct reports, je passe beaucoup de temps à les orienter sur leurs dossiers et faire prendre des décisions. Plutôt que des décisions, je fais des choix ou décide de priorités. Le digital en général implique plus de devoir choisir entre de multiples actions, priorités ou options, que de rechercher à tout traiter. La veille est également un incontournable du quotidien : concurrence, marché étranger, nouveau modèle d’activité digitale. Mon métier étant transverse (par rapport à des organisations éditoriales verticalisées), je m’assure que tous les titres et pôles bénéficient des meilleurs outils, formations, supports etc… pour poursuivre leur transformation et se concentrer sur le contenu.
Quelles sont les mutations médiatiques auxquelles vous avez été confronté ?
Il y a de nombreux aspects qui caractérisent la transformation presse vers bi-média. Si je dois en retenir trois :
- le rythme de publication, qui passe de rendez-vous réguliers (hebdo ou mensuel) à une écriture de chaque instant, selon l’actualité, et aussi selon les performances des précédentes publications ;
- le passage de quelque chose de figé (imprimé) à un format qui peut être ajusté en permanence (le digital), et même simplement écrit à nouveau, le premier restant en ligne ;
- la nécessité de dissocier le fond de la forme quand un journaliste travaille à la rédaction de son contenu.
Ces points paraissent anodins, mais ils sont fondamentaux à la transformation des acteurs et des process de travail.
Si vous deviez donner des conseils à un étudiant qui souhaite se spécialiser dans votre domaine…
1 : S’inspirer des médias sociaux qui donnent de plus en plus le ton d’écriture et les tendances du public, mais toujours vérifier ses sources ;
2 : Avoir un œil permanent sur les datas d’usage des contenus et des produits ;
3 : Viser un modèle économique pérenne.