Les défis de M6 en 2015 : entre audace et réchauffé

En avril 2014, M6 enregistrait sa plus mauvaise moyenne en termes d’audience depuis mars 1992, un résultat consécutif à de multiples échecs durant l’année, notamment Rising Star. La chaîne montre aujourd’hui sa volonté de dynamiser sa grille.

Une année 2014 difficile

Avec l’arrivée massive de nouvelles chaînes sur la TNT fin 2013, il est difficile pour une chaîne hertzienne de lutter pour conserver son niveau d’audiences. Cependant, M6 avait jusque là encore bien résisté comme l’affirmait le site OZAP, fin avril 2014 . Mais la chaîne reste tiraillée entre ses tentatives d’innovation (Rising Star, Ice Show, Qu’est-ce que je sais vraiment ?) et le vieillissement de ses programmes phares. Si certains continuent de fonctionner, comme L’amour est dans le pré, Recherche appartement ou maison, Maison à vendre ou Scènes de ménages, d’autres déclinent (D&co). Les émissions qui ont fait le succès de la chaîne s’essoufflent : Pékin Express et 100% Mag ont été arrêtées, et Top Chef connaît une nouvelle formule pour la sixième saison, démarrée le 26 janvier 2015. Si bien que la chaîne est tombée à une moyenne de 9,5% de PDA pour le mois d’avril 2014, un niveau très bas que la chaîne n’avait plus enregistré depuis plus de 20 ans.

Malgré ces chiffres alarmistes de début d’année, la chaîne a conclu 2014 avec une part d’audience en moyenne de 10,1% et donc la meilleure progression sur le second semestre : +0,4%.

Redynamiser la grille des programmes en 2015 : vers l’innovation ou la capitalisation sur les programmes clés de la chaîne ?

M6 s’est construit l’image de la chaîne emblématique qui ose créeret ne se contente pas, contrairement à la plupart de ses concurrentes directes, d’acheter des programmes ayant déjà marché dans d’autres pays pour minimiser les risques en termes d’audiences. Cependant, l’audace de la sixième chaîne n’a pas suffi en 2014 pour maintenir ses audiences. Comment aborde-t-elle 2015 ?

La volonté de surprendre se traduit, tout d’abord, par l’arrivée d’un nouveau directeur général des programmes, qui a remplacé le 1er janvier Bibiane Godfroid : Frédéric de Vincelles. Il l’a annoncé à TV magazine en février 2015 : « le stratégie reste la même : poursuivre une dynamique positive de renouvellement et consolider les acquis. Je ne viens pas faire une révolution. Je viens apporter ma contribution à ce travail permanent qui, chez M6, consiste notamment à chercher des idées nouvelles. »

La chaîne va donc proposer des programmes inédits comme Tout peut arriver ou The Mole en prime, Tous les couples sont permis en access prime-time ou encore Cauchemar chez le coiffeur. Côté séries, la chaîne va lancer Péplum, NCIS : Nouvelle-Orléans et Scorpion. De plus, de nouveaux animateurs vont être mis en avant dans ces programmes neufs : Guillaume Pley que l’on a pu voir au côté de Faustine Bollaert sur le plateau tout en interactivité de Rising Star, Jérôme Anthony déjà présent avec Un trésor dans votre maison ou encore Sarah Guetta, spécialiste de la coiffure qui était déjà apparue sur la chaîne en tant que juré dans l’émission L’espoir de l’année .

Cependant, il faut bien constater qu’une partie – quasiment la moitié ! – des programmes reprennent des concepts déjà utilisés par la chaîne ou par une autre. Tous les couples sont permis rappelle les codes employés dans les émissions de TF1 comme Bienvenue chez nous ou Quatre mariages pour une lune de miel ou encore l’émission de D8 appelée Une maman formidable : les participants se jugent entre eux et s’attribuent des notes tout au long de la semaine afin de désigner un vainqueur. Il en va de même pour Cauchemar chez le coiffeur qui sera la reproduction de Cauchemar en cuisine, diffusé désormais sur W9, ou encore Cauchemar à l’hôtel, mais évidemment adaptée au monde de la coiffure. Peut-on donc vraiment dire que la chaîne est forte de propositions au niveau de ses formats ?

Il faut dire qu’elle a sûrement été échaudée par les échecs successifs de ces programmes innovants, notamment ceux qui se construisaient dans une nouvelle forme d’interaction avec le public télévisuel. La Six en a tiré une leçon : « on a appris notamment que l’on ne pouvait pas faire de l’interactivité la promesse principale d’une émission, car elle ne concerne qu’un faible nombre de téléspectateurs. Il faut toujours penser à faire le programme pour la majorité des gens qui prennent juste plaisir à regarder » .

C’est pourquoi M6 va recentrer ses émissions autour du jeu et non plus principalement autour de la technologie. Est-ce un retour en arrière de la part de la chaîne ? Entre innovation et émissions à succès, quel camp choisira M6 ?

Bérangère CROZIER