Pour vous, j’ai testé Tinder
Lancé en 2012, Tinder est aujourd’hui l’une des applications de rencontre les plus populaires en France [lien infographie]. Le principe est simple : grâce à la géolocalisation, l’application vous propose de découvrir différentes personnes se trouvant autour de vous. Il vous suffit pour cela de faire glisser votre doigt vers la droite de l’écran si l’un de ces profils vous plaît, ou vers la gauche si vous désirez l’ignorer. Ce geste est communément appelé le swipe. Si l’utilisateur ayant retenu votre attention est également séduit par votre profil, vous pourrez alors discuter par messages privés.
Tinder, me voilà !
Autour de moi, si tout le monde ne l’a pas, tout le monde en parle. Tinder par ci, Tinder par-là, il semblerait que l’application au logo de feu ait détrôné AdopteUnMec et autres Meetic. Très bien, puisque c’est ainsi, je tente ma chance ! Dans l’App Store, à peine ai-je écrit la lettre « T » que le moteur de recherche me propose déjà Tinder, avant même Twitter ou Tumblr, qui arrivent plus bas dans la liste. J’ai donc bien fait de m’y mettre ! Je clique, la 4G fait son travail et voilà que la petite flamme orange s’affiche parmi mes autres applis. En lançant Tinder, premier accrochage : c’est seulement en synchronisant mes données Facebook que je vais pouvoir accéder à l’application. Si la mention « Nous ne publions rien sur Facebook » me rassure un peu, c’est tout de même avec une certaine appréhension que je clique sur « Se connecter via Facebook ». L’application me propose ensuite de créer mon profil. Je choisis alors plusieurs photos de moi, celles où je suis le plus à mon avantage, et remplis brièvement la biographie en arrangeant quelques détails (puisque je ne peux ni embellir mon âge, ni choisir un pseudonyme – synchronisation Facebook oblige). Tinder me propose ensuite de choisir ce dont je suis à la recherche. Homme cherche femmes, homme cherche hommes, femme cherche hommes, femme cherche femmes, ou bien les deux : tout est possible sur Tinder. Pour ma part, ce sera femme cherche homme(s). L’expérience peut commencer !
Tinder est en effet une application généraliste, qui propose à ses utilisateurs tout type de rencontres, sans restrictions communautaires, d’orientations sexuelles ou autres. Son discours d’accompagnement est par ailleurs tout à fait neutre, à l’image de son design. Tinder ne se revendique pas comme une application ayant pour but de faciliter une rencontre particulièrement amoureuse, sexuelle ou amicale. Tinder est donc bel et bien une application généraliste.
Mes premiers prétendants
Je frémis telle une prétendante du Bachelor sur le point de recevoir sa première rose. Un premier homme apparaît enfin sur mon écran. 46 ans, bedonnant et dégarni, Michel n’est pas vraiment mon type. Mon index connaît déjà la suite : il l’a vu faire par mes ami(e)s des centaines de fois : hop, je swipe vers la gauche. Désolé Michel, mais je ne suis pas la bonne ! Tinder veut alors s’assurer que je sais ce que je fais : « En faisant glisser une photo vers la gauche, vous indiquez que Michel ne vous intéresse pas. » Je clique sur « pas d’intérêt », c’est plié. S’ensuit une farandole de sosies de Justin Bieber ou de Jean-Marc Morandini. Je décide alors de modifier la tranche d’âge des hommes proposés. Les nouveaux prétendants défilent et je ne sais plus où donner de la tête ! Gabriel, beau brun de 25 ans semblerait alors me convenir : nous avons 9 « likes » Facebook en commun, me dit Tinder (du groupe de musique indé The XX au film Melancholia de Lars Von Trier en passant par le groupe Facebook « Porter des chaussettes sous la couette »). Il sera donc mon premier swipe vers la droite. Rien. Pas de « It’s a Match! » en vue, m’informant que Gabriel aussi a été conquis par mon profil. Je ne me laisse pas abattre et je continue. Ce n’est qu’au bout d’un certain temps que je remarque pour la première fois ces quatre boutons en dessous des profils de mes prétendants, dont les deux plus gros représentent une croix rouge et un cœur vert. Pour Maxime, petit blondinet de 24 ans à la barbe fournie, je tente le cœur vert.
Tinder propose en effet deux moyens de matcher un profil : le swipe à gauche ou à droite, ou bien ces deux boutons. Le dispositif laisse donc ici le choix à l’utilisateur qui, s’il n’est pas familier avec le swipe, va tout de même pouvoir utiliser l’application sans problème grâce à ces deux icônes universellement reconnaissables. L’application propose tout de même le swipe car c’est là un choix ergonomique, pratique, voire ludique, que la plupart des utilisateurs adopteront sans doute par la suite.
« It’s a match ! »
« It’s a match! ». Panique. Quoi faire ? Lui parler ? Attendre qu’il fasse le premier pas ? En l’espace d’une quinzaine de secondes, je me rends compte que je me pose les mêmes questions que vendredi dernier, lorsqu’un beau blond d’1m95 me dévorait des yeux alors que je sirotais des mojitos avec mes copines. « Salut toi, ça va ? » D’un coup d’un seul, mes questions s’évaporent : il a fait le premier pas. Et j’en suis bien soulagée. Les messages s’enchaînent et le courant semble virtuellement bien passer. C’est bien plus naturel que ce que je pouvais imaginer. Maxime est curieux, il me pose des questions sur ma taille, mes goûts, me demande si je suis célibataire. Quand tout à coup, « It’s a match! » apparaît de nouveau, sous la forme d’une notification cette fois-ci. Gabriel est de retour…
Les matchs sur Tinder ne sont en effet pas toujours automatiques, puisqu’il faut que les deux utilisateurs aient choisi de matcher l’autre afin que l’application puisse les mettre en relation. Ici, notre utilisatrice-type a donc été la première à matcher le fameux Gabriel, alors que Maxime, lui, l’avait matchée en premier.
Tinder addict
C’est donc avec brio que je me retrouve à jongler entre les deux. Si l’un met trop de temps à répondre, je retourne à la recherche d’un prétendant qui saura me distraire. Rapidement, la liste de mes « affinités » s’allonge. Cela devient alors une sorte de jeu : je swipe à gauche frénétiquement, parfois un peu vite (« Nooooon, il était trop beau ! »).
Consciente de ces « matchs » manqués et de la frustration qu’ils engendrent chez ses utilisateurs, l’application de rencontre propose désormais une fonctionnalité « Rétractez votre dernier zapping » dans son offre premium, intitulée « TinderPlus » et dont le coût s’élève à 9,99€ par mois. L’offre propose également une fonctionnalité permettant à l’utilisateur de modifier sa position afin de pouvoir découvrir et « zapper » ou « matcher » les profils « n’importe où dans le monde ». Une fonctionnalité qui peut s’avérer intéressante, par exemple, pour quelqu’un ayant prévu de voyager. Ces deux nouvelles fonctions payantes se matérialisent sous la forme de deux boutons, entourant ceux, plus gros, représentant une croix et un cœur.
J’en supprime certains dès les avoir matchés en m’apercevant que le reste de leurs photos ne les met pas du tout en valeur… Prise au jeu, je ne swipe en effet plus qu’en fonction de la première photo – trop impatiente de voir le prochain pour prendre le temps de cliquer sur leur profil. Quand soudain, deuxième accrochage, après un certain nombre de swipes à droite (donc certains sont devenus des matchs), Tinder m’informe que j’ai atteint ma limite de « j’aime » et que je dois donc soit attendre que le compteur revienne à zéro, soit souscrire un abonnement TinderPlus. Je suis outragée ! Tinder était peu à peu devenu plus un jeu qu’une application de rencontre, un jeu dont je me retrouvais donc privée.
En lançant sa version premium, Tinder semble également avoir intégré dans son discours d’accompagnement sa dimension ludique. En effet, la troisième et dernière fonctionnalité que propose cet abonnement à 9,99€ permet de « masquer la publicité », fraîchement arrivée sur l’application. Il est alors mentionné que cette fonctionnalité permet de « jouer sans interruption ».
Une fois l’élan de colère passé, je me reprends et retourne donc discuter avec Gabriel, qui vient d’utiliser la fonction « moment » permettant de prendre une photo qui ne sera visible que pendant 24 heures.
Cette fonction, qui n’est pas sans rappeler Snapchat, a pour but de favoriser la discussion. La liste des affinités de l’utilisateur est en effet surplombée des différents « moments » de ceux-ci. Une fois l’utilisateur ayant cliqué sur ces moments, il n’a d’autre choix que de les liker ou non (toujours en swipant). Lorsqu’un utilisateur aime un moment, celui l’ayant posté en est directement informé, le confortant dans l’idée que cet utilisateur en question est bien intéressé.
Rendez-vous en terre inconnue
Après quelques jours passés à discuter, Gabriel me propose d’aller boire un (« ou plusieurs 😀 ») verres. Séduite, j’accepte. Malgré sa plastie parfaite, le rendez-vous ne se passe pas très bien. Ses blagues ne font que tomber à l’eau et sa passion pour les animaux marins est bien trop présente à mon goût. Qu’à cela ne tienne, je n’ai jamais dit être à la recherche d’un mari…