Valentine Cuzin
Valentine fait ses débuts au sein du Groupe Bayard en travaillant pour le journal La Croix en parallèle de son Master 2 Innovation et création au CELSA, avant de rejoindre le groupe Le Monde en tant que Content Strategist. Parallèlement à sa carrière médiatique, elle se centre dans la direction de projet humanitaire. En 2017, elle impulse le format Gesture en collaboration avec Laura Frémy, Leila Montanier et Chloé Duval.
Pouvez-vous résumer Gesture en quelques mots ?
Chloé Duval : Gesture, c’est un format audiovisuel de trois minutes entre le clip et le documentaire sur la danse. Ça retrace l’histoire d’un geste quotidien et son évolution pour devenir un pas et s’intégrer dans une danse. Gesture essaye de traduire en image l’énergie qu’invoque cette danse. C’est un format audiovisuel sur la force de l’évocation d’un geste.
En quoi Gesture est-il un format exportable et reproductible ?
Chloé Duval : On a un concept simple et déclinable puisqu’il y a des dizaines de danses à traiter. L’idée est de décrypter des pas issus de danses qui ne soient pas forcément françaises. D’ailleurs le pilote parle du locking, qui est l’ancêtre du hip hop et qui trouve ses origines dans la culture nord-américaine. Je pense que ça pourrait vraiment être traduit dans toutes les langues.
Chloé Duval
La réalisatrice de Gesture pratique la danse et le théâtre dans la master class de Karin Catala aux Enfants de la Comédie avant d’entrer à l’ESAV (Ecole Supérieure d’Audiovisuel) en 2013, section réalisation. Elle y écrit et réalise son premier film d’école, sélectionné dans plusieurs festivals au Maroc et à New York et distribué par Gonnella Productions. Après une Licence de communication puis un Master 1 en spécialité Médias au CELSA, elle travaille actuellement à l’écriture et la réalisation de son premier film produit par le GREC (Groupe de Recherche et d’Essais Cinématographiques), soutenu par le CNC et la région Corse.
L’appel à projet du FabLab 2016 du CELSA a pour intitulé « Haïku audiovisuel et numérique » : comment Gesture répond à cette problématique ?
Valentine Cuzin : On s’est basées sur l’idée de poésie. On voulait trouver quelque chose à la fois poétique et impactant. Pour nous, un haïku c’est un format court et fort mais qui garde sa poésie pour transmettre un message indirectement. En même temps, l’aspect documentaire correspond bien au haïku, car c’est à l’origine une poésie qui aborde des sujets très concrets. Mêler poésie et documentaire, c’est la définition du haïku finalement.
Vous êtes passées d’un pitch de 7 minutes en janvier 2017 à la réalisation concrète d’un pilote dans les locaux d’Arte Studio en juin 2017. Comment avez-vous fait face à ce défi ?
Valentine Cuzin : C’était impossible de faire ça avec uniquement nos compétences. Donc on est allées chercher des connaissances et des capacités techniques qu’on n’avait pas forcément. C’est là qu’on a fait appel à Chloé qui nous a expliqué ce processus de création, de la transformation d’un concept en un réel projet. La force de notre projet a été de nous entourer d’une équipe qui avait des compétences que l’on n’avait pas pour mettre en image ce qui n’étaient que des mots sur un morceau de papier. Un exemple qui peut sembler bête, mais on n’avait aucune idée du déroulement d’un tournage et de l’énorme travail que ça demande en amont. C’est pour ça qu’on s’est appuyées sur des personnes extérieures qui nous ont expliqué le processus et avec qui on a travaillé pour mener le projet à bien.
Qu’est-ce qu’un storyboard ?
Le storyboard (littéralement « histoire dessinée ») est une version illustrée du scénario. On l’utilise pour expliquer visuellement et mettre en scène une histoire. Ce terme est largement répandu dans le monde de la publicité, du cinéma et de l’animation.
Et du coup Chloé, toi qui es réalisatrice, est-ce que tu peux nous expliquer comment on passe d’une idée à une réalisation artistique complète ?
Chloé Duval : Valentine, Laura et Leïla m’ont présenté le projet sur la base de ce qu’elles avaient présenté au jury du Fablab en janvier. A partir de là, j’ai fait de la recherche en regardant plein de clips et de documentaires. Je leur ai envoyé une note d’intention expliquant ce que j’imaginais par rapport à leur idée, à la fois en terme esthétique et en terme de structure. Dans ce premier document, on trouvait des intentions de réalisation mais aussi un découpage par séquence à la façon d’un storyboard. Ensuite, on a beaucoup échangé et on a commencé à rentrer dans les détails, à savoir ce que l’on voulait esthétiquement, ce que l’on voulait faire avec l’aspect documentaire, ce qui rentrait dans nos moyens financiers et techniques.
Valentine Cuzin : On réalise que l’on ne va pas pouvoir faire tout ce qu’on imaginait, qu’il va falloir renoncer à certaines choses, trouver d’autres solutions. Le concept change et on s’éloigne de l’idée de départ. Mais finalement dans ce travail-là, la contrainte s’est avérée très créatrice.
Chloé Duval : Oui, évidemment, ça se construit dans la contrainte, mais c’est ça qui est intéressant. Une fois qu’on avait décidé ce que l’on voulait faire, on a constitué une équipe, en contactant un chef opérateur, un ingénieur du son et les danseurs, qui ont d’ailleurs été formidables. Ça nous a permis de reprendre la note d’intention pour la modifier et la préciser. On a fait un vrai storyboard pour le pilote, on a trouvé la musique et les images d’archives en s’assurant que tout était libre de droits. On a organisé quelques répétitions avec les danseurs pour ajuster le découpage et finalement, on a tourné et puis monté avec l’aide d’Arte Studio. Maintenant, on va pouvoir présenter le pilote et le dossier de production à plusieurs producteurs, avec l’aide de La Fabrique des Formats et de la SattLutech notamment, dans le but de trouver des contributeurs : producteurs, partenaires, soutien technique…