Jurys et parité dans les émissions de divertissement TV
La parité apparaît comme une exigence essentielle pour que vive la démocratie et son respect conditionne tout exercice du pouvoir. Force est de constater que certaines sphères télévisuelles, dans le cadre d’un dispositif donné, échappent cependant à ces contraintes. Tel est le constat d’un déséquilibre paritaire au sein des jurys d’émissions de divertissement. Cette asymétrie laisse à penser qu’un idéal égalitaire naturel est encore utopique. L’application de la parité sur ces estrades médiatiques apparaît dès lors comme l’un des enjeux d’actualité pour le CSA.
Du comité de sélection aux jurys télévisés : état des lieux
Selon l’INSEE, les femmes représentent 52% de la population française. Toutefois, elles restent sous-représentées dans la majorité des secteurs, notamment dans les comités de sélection, quels qu’ils soient. Pour éviter un déséquilibre trop marqué des représentants de chaque sexe au sein des jurys, un décret de 2013 publié au Journal Officiel interdit de dépasser un quota de 60% de jurys de même sexe dans les comités de sélection de la fonction publique (milieu hospitalier, milieu scolaire, administration publique…).
Cependant, cette législation ne concerne pas encore le secteur de l’audiovisuel. En effet, le CSA a publié en mars 2019 un rapport d’étude sur le sujet, déterminant la part des hommes présents sur nos ondes et nos écrans à 60%, contre seulement 40% de femmes[1].
En jetant un œil aux émissions de divertissement télévisées, cette disparité paritaire apparaît comme d’autant plus flagrante au sein des jurys télévisés, alors même que ces entités sélectives incarnent une forme d’autorité.
Déséquilibre paritaire au sein des jurys télévisés
La part des femmes au sein des jurys télévisés est sensiblement inférieure à celle des hommes. À titre d’exemple, sur 5 programmes de talent show étudiés[1], on constate un écart conséquent avec un tiers de femmes pour deux tiers d’hommes présents sur les écrans.
Dans une étude menée auprès du grand public au sujet du jury de The Voice[2], 39,2% des interrogés associent spontanément Jenifer à l’émission ; une femme incarnerait donc davantage le rôle de jury dans l’émission.
Au sein de ces jurys, la femme est par ailleurs systématiquement placée au centre de l’écran.
Qu’il s’agisse d’une mise en valeur du genre féminin ou bien d’une volonté d’atténuer l’inégalité numérique, le déséquilibre paritaire reste néanmoins une constante.
Le CSA, futur garant de la parité au sein des jurys télévisés ?
Que ce soit à travers des réglementations ou des incitations, le CSA agit déjà pour plus d’égalité à l’écran. Le département des missions de cohésion sociale intervient notamment en faveur de la diversité et du respect du droit des femmes. Les sages de l’audiovisuel ont par ailleurs mis en place un comité d’orientation « Droits des femmes » qui propose un cadre de réflexion sur les perspectives d’amélioration possibles en matière de représentation et d’image des femmes à la télévision.
Intégrer la parité des jurys semble donc être un enjeu pour l’avenir des programmes de flux, et notamment des talent shows, tant pour le respect de la diversité paritaire par les diffuseurs que dans un souci de bonne réception de ces émissions auprès des publics.
[1] « La représentation des femmes à la télévision et à la radio ». CSA, 8 mars 2019 https://www.csa.fr/Informer/Collections-du-CSA/Travaux-Autres-publications/Rapports-au-gouvernement.-parlement.-etc/La-representation-des-femmes-a-la-television-et-a-la-radio-Exercice-2018
[2] The Voice (TF1), Danse avec les stars (TF1), Top Chef (M6), La France a un incroyable talent (M6), Nouvelle Star (M6-W9).
[3] Questionnaire diffusé sur les réseaux sociaux auprès d’un échantillon de 79 étudiants en 2019, par les auteurs de cet article. A la question posée « A quel membre du jury associez-vous l’émission The Voice ? », les résultats sont les suivants : 39,2% pour Jenifer, 27,8% pour Mika, 17,7% pour Florent Pagny, 7,6% pour Garou, 3,8% pour Zazie, 2,5% pour Louis Bertignac et 1,3% pour Matt Pokora.