
Ce qui va changer pour la télévision en 2020 Retour sur la réforme de l’audiovisuel
La réforme de l’audiovisuel avait été promise par Emmanuel Macron au début de son quinquennat afin de modifier en profondeur la loi sur les libertés de communication de 1986. Franck Riester, ministre de la Culture, a présenté mercredi 25 septembre 2019 sur la chaîne de télévision FranceInfo les différents axes de cette réforme.
Mais alors que propose ce projet de loi ?
- Tout d’abord, Franck Riester a annoncé la création de France Média, une holding qui sera mise en oeuvre fin 2022 et qui détiendra 100% des actions de France Télévisions, Radio France, l’Institut National de l’audiovisuel (INA) et France Média Monde. Le ministre tient à rassurer sur l’indépendance des médias publics en précisant que « les décisions éditoriales seraient du ressort des entreprises éditrices de programmes » et non de la holding.
- La suppression des chaînes France 4 et France Ô qui seront exclusivement diffusées sur les plateformes numériques de France Télévisions dès 2020. Un communiqué des services du Premier ministre, Edouard Philippe, assure que cette suppression se fera au profit d’un renforcement des médias publics.
- Le projet de loi mettra fin à l’interdiction pour les chaînes de diffuser des films les mercredis, vendredis, et samedis comme c’est le cas actuellement.
- Le projet de loi veut pérenniser la production audiovisuelle française. À ce titre, le gouvernement veut obliger les plateformes de streaming telles que Netflix et Amazon Prime à financer des créations cinématographiques ou des séries audiovisuelles pour la France, à hauteur d’au moins 16 % de leur chiffre d’affaires réalisé dans l’hexagone.
- Le projet de loi rendra possible la publicité dite segmentée sur les chaînes distribuées via les box, comme la diffusion de pubs géolocalisées, mais de manière encadrée : les distributeurs pourront diffuser des publicités ciblées et géolocalisées, mais sans pouvoir mentionner les adresses de leurs points de vente.
- Enfin, l’ensemble des dirigeants de ces entreprises seront nommés par leurs conseils d’administration, et non plus par le CSA.
Lors du festival « Médias En Seine » du 8 octobre 2019, les Effeuilleurs ont assisté à la conférence sur le futur des médias, organisée par Les Echos et FranceInfo. Lors de la table ronde Loi sur l’audiovisuel, SVOD : la riposte s’organise pour les dinosaures de la télé ?, plusieurs dirigeants de chaînes de télévision ont regretté que la réforme audiovisuelle n’aille pas plus loin dans les mesures visant à rééquilibrer les règles du jeu entre anciens et nouveaux acteurs de la télévision. « Aujourd’hui, la France exporte moins ses programmes, empêche les groupes d’audiovisuel d’investir dans la production du fait des quotas. Or, cette bataille est décisive pour l’avenir de l’audiovisuel français », a déploré Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6.
« La production, c’est le sujet-clef de la loi. Pour survivre, il faut avoir les contenus » – Maxime Saada
Maxime Saada, le dirigeant de Canal+, a abondé dans le même sens : « La production, c’est le sujet-clef de la loi. Pour survivre, il faut avoir les contenus ». Or, « aujourd’hui, on vit dans une absurdité où on finance parfois 100 % des contenus et on n’en a zéro propriété ».
« La loi va dans le bon sens, mais elle est trop entre les mains des lobbies » – David Kessler
« La loi va dans le bon sens, mais elle est trop entre les mains des lobbies », a renchéri David Kessler, directeur d’Orange Content, assurant que la France est le « seul pays » où les producteurs vivent l’émergence des plateformes « comme une menace ».
Ainsi, pour faire face à la concurrence, les patrons de chaînes s’accordent pour dire que la production – la détention des droits – est le sujet clé de la réforme de l’audiovisuel : « Pour survivre il faut qu’on ait une forme de détention des contenus. »