Le 21 décembre 2017 au Cargo, plateforme d’innovation dédiée aux contenus numériques et industries créatives du réseau Paris &Co une question importante dans le secteur médiatique actuelle s’est imposée : « Nouvelles écritures et télévision : quel avenir commun ? ».
La rédaction d’Effeuillage a eu la joie d’accueillir Jérémy Pouilloux (producteur chez La Générale de Production et fondateur de I LOVE TRANSMEDIA), Joffrey Lavigne (auteur et réalisateur interactif Arte / France Télévisions), Antoine Boilley (Directeur Délégué de France 2) Julien Aubert (fondateur de Bigger Than Fiction) et Margaux Missika (productrice chez Upian). Nos invités d’horizons divers ont permis un débat riche et très animé.
Un avenir discuté pour la télé
Notre table ronde partait d’un article extrait du numéro 6 d’Effeuillage (que vous pouvez retrouver ici) écrit par Jérémy Pouilloux : « Et si le sort calamiteux des « nouvelles écritures » ne faisait que dévoiler le déclin de l’empire médiatique européen ? ». On pouvait notamment y lire cette phrase déterminante quant à l’avenir de la télévision : « Plutôt que de colmater les brèches, il conviendrait évidemment de changer le paradigme face à l’objet télévisuel, de considérer le web comme l’espace médiatique premier, et la télévision comme une plateforme de promotion de ces canaux, en particulier mobiles. »
Les « nouvelles écritures » recouvrent les procédés techniques et la création audiovisuelle liée au web ; leur définition est protéiforme. Selon Margaux Missika, productrice chez Upian (société pionnière en termes de projets médias sur internet et sur les webdocumentaires) « pour définir les nouvelles écritures, il faut ôter le terme nouvelles ». Elles symbolisent un désir d’expérimentation, d’apprentissage dans la création médiatique, couplé avec une problématique d’interaction très forte permise grâce à leurs dispositifs médiatiques.
Une cohabitation bénéfique entre médias
Margaux Missika fait une mise au point partagée avec tous les acteurs du débat : « il existe une cohabitation entre tous les médias ». Joffrey Lavigne, auteur et réalisateur interactif surenchérit : « Je ne pense pas que l’objet télévision va disparaître, la cohabitation des médias étant toujours plus riche ».
La télévision apparaît comme un acteur challengé mais loin d’être mort : Julien Aubert, fondateur de l’agence Bigger Than Fiction qui accompagne en ligne les producteurs, souligne que « les extraits de télévision les plus regardés le sont sur les médias sociaux ». Pour lui, les mutations résident aussi dans le fait que « aujourd’hui le créateur de formats est YouTube ».
« Internet en tant qu’outil et ensemble de pratiques a fait du bien à la télévision, l’obligeant à prendre de nouveau des risques » constate Margaux Missika. Antoine Boilley, directeur délégué de France 2 insiste sur le rôle du service public dans cette prise de risque, tant dans les sujets abordés (fin 2017, le harcèlement, le handicap) que dans les usages à renouveler. A propos de l’idée d’un Netflix à l’européenne il déclare : « A nous d’aller vers ces nouvelles plateformes ; d’ailleurs la série française Dix Pour Cent est un succès sur Netflix ! ».
Les débats animés ont permis de faire ressortir un consensus résumé par Jérémy Pouilloux : « La télévision n’existera plus en tant qu’objet ou en en tant que grille ». Aux acteurs du secteur médiatiques de prendre les risques nécessaires pour se saisir des opportunités ouvertes par le web !