Les médias audiovisuels ont régulièrement recours aux études quantitatives afin d’évaluer leur impact sur un public donné. Dans la complémentarité de ces données, le qualimat évalue la qualité des émissions de télévision. Les diffuseurs y ayant recours cherchent à déterminer le type de public qui regarde leurs programmes, et les raisons qui motivent son choix. À la croisée de nombreuses disciplines (sociologie, ethnologie, psychologie) le qualimat permet d’appréhender les envies de nouveauté des téléspectateurs, le but étant de sonder l’expérience-divertissement pour pouvoir la prolonger.
À l’inverse des enquêtes quantitatives organisées selon un monopole et une méthodologie stricte, le qualimat tâtonne encore et se cherche des modèles, dans une réelle perspective d’enquête. Selon Nadine Lejaer, ancienne rédactrice en chef de l’hebdomadaire « Télépro », l’étude qualitative n’a pas pour objectif de distribuer des « bons et mauvais points », mais plutôt d’offrir une « alternative à l’audience ». Télépro fut l’un des premiers instituts à proposer des qualimats étoffés, en collaboration avec Dedicated Research et le CSA. Contrairement à la mesure de l’audimat, le qualimat n’émane pas d’un commun accord entre les chaînes de télévision, sous l’égide de Médiamétrie. Il est régi par divers organismes.
Plusieurs critères régissent actuellement le qualimat : seuls les programmes dépassant 4% de part d’audience sont évalués ; seules les émissions diffusées entre 18 et 23h sont ciblées ; les genres télévisuels retenus sont les séries anglo-américaines, françaises, la téléréalité, le divertissement et les magazines d’information ou de détente. Les « one-shot » (primes d’un soir, comme Miss France ou Les Enfoirés), les émissions sportives, et les documentaires sont écartés. Deux raisons expliquent ces choix : toutes les chaînes ne demandent pas un qualimat ou n’investissent pas auprès d’instituts de recherche analytique. Chaque institut a des variables différentes selon les grilles de programmes qui leur sont soumises. Certaines chaînes s’emploient à mener et évaluer la qualité de leurs émissions par leurs propres moyens et restreignent les représentativités d’échantillon. Laurence Lorie, ancienne responsable d’études qualitatives à la RTBF, explique que les différentes modalités de mesures ne permettent pas d’obtenir des résultats comparables. De plus, l’opacité de la sélection des critères bouscule la notion d’analyse qualitative : « C’est une notion subjective. On peut difficilement juger de la fiabilité d’une étude sans connaître la façon dont on a défini et mesuré ce qu’était la qualité »[1].
Focus sur le « Quali TV »
Pour répondre à l’exigence de qualité, Rémy Pflimlin, alors président de France Télévisions, a demandé en 2014[2] à Harris Interactive, une entreprise d’études marketing et de sondages d’opinion, une étude « QualiTV » pour connaître l’appréciation exacte du public sur les émissions du groupe. Le « QualiTV » permet ainsi de mesurer la satisfaction des téléspectateurs à l’aune des programmes qu’ils regardent en prime-time. C’est en décembre 2014 que les résultats de ce sondage, réalisé auprès de 1000 français, sont publiés.
Comment cela fonctionne-t-il ?
Le « QualiTV » est un baromètre de satisfaction annuel qui repose sur un panel représentatif d’environ 2000 personnes âgées de 15 ans et plus. Chaque jour, ce panel évalue, sur une échelle de 1 à 10, les programmes regardés la veille sur TF1, France 2, France 3, France 4 et France 5, Canal+, M6, Arte, D8, W9, TMC, NT1 et NRJ 12. La grille d’évaluation repose sur quatre critères : le niveau de satisfaction ; l’attention portée au programme ; l’intention de le recommander ; la propension du téléspectateur à se rappeler du programme. La moyenne de ces quatre notes permet de calculer le « Score Quali TV » (/10) de chaque programme.
Pourquoi un qualimat pour France Télévisions ?
Détenu par l’Etat Français, le groupe France Télévisions doit répondre à des missions de service public, définies dans un cahier des charges bien précis. Le « QualiTV’ » vise avant tout à garantir le respect de cette mission sociale et de critères qualitatifs dans l’offre télévisuelle publique. « Les médias de service public jouent un rôle précieux de pédagogie pour accompagner le téléspectateur dans sa perception et sa compréhension du monde »[2] rappelait d’ailleurs le CSA au sujet des missions de France TV.
[1] MOREAU, Aurélie, « ‘’Qualimat TV’’, l’étude qui mesure la qualité des émissions », LaLibre.be [disponible en ligne : https://www.lalibre.be/culture/medias-tele/qualimat-tv-l-etude-qui-mesure-la-qualite-des-emissions-54171fb0357030e610404b44], publié le 16/09/2014, consulté le 13/10/2020.
[2] BOYON, Michel, « Colloque européen sur les médias de service public à l’ère du numérique », csa.fr [disponible en ligne : https://www.csa.fr/Informer/Espace-presse/Interventions-publiques/Colloque-europeen-sur-les-medias-de-service-public-a-l-ere-du-numeriqueCependant, le fingerprinting ne se limite pas à un usage digital, et peut même être utilisé dans le domaine du son. Une technique d’audiométrie utilisant ce procédé à été testée en Suisse sur un panel de 13 000 personnes : il s’agit d’une montre munie d’un appareil qui enregistre le son à intervalle régulier.