Genre et dessins animés

Le rôle de régulation du CSA

 Le CSA doit veiller au respect des droits du public mais également à sa protection en  diffusant notamment des spots de prévention. Il endosse aussi un rôle de  surveillance et de régulation. Ainsi, les chaînes jeunesse doivent impérativement être dotées d’un comité d’éthique constitué d’experts en psychologie des jeunes enfants afin de leur proposer un contenu adapté. S’il n’existe pas de régulation spécifique concernant le genre dans les dessins animés, cette problématique ne demeure pas inexplorée. En effet, un contenu exclusivement adressé à des enfants, ici le dessin animé, ne doit pas présenter « une image dégradante de la femme ». 

Le CSA invite grandement les chaînes de télévision à faire davantage d’efforts dans la représentation des femmes et France Télévisions a annoncé en 2013 plusieurs mesures allant dans ce sens, avec notamment une plus grande attention donnée au nombre de personnages masculins et féminins dans ces programmes jeunesse.

L’évolution de la répartition fille et garçon dans les dessins animés

La dernière étude du CSA, Etude sur les stéréotypes féminins véhiculés dans les séries d’animation (2014) témoigne d’une parité respectée au niveau des personnages de dessins animés. Sur un échantillon de 24 animations, françaises et étrangères, diffusées entre le 1er janvier et le 15 mai 2014, 50% sont féminins et 50% masculins. Autre élément significatif : 53% des premiers rôles sont tenus par des personnages féminins tandis qu’on relève 43% de premiers rôles masculins. Ces chiffres témoignent d’une nette amélioration dans la répartition des rôles fille/garçon. En 1993, F. Earle Barcus et Rachel Wolkin procédaient à une étude similaire qui stipulait que sur un échantillon d’une vingtaine de dessins animés, 75,5% des personnages étaient explicitement masculins et 21% féminins. 

À noter cependant qu’il est difficile de procéder à une étude exhaustive du genre dans les dessins animés, les résultats dépendant du corpus choisi et des destinataires (filles ou garçons) auxquels les dessins animés sélectionnés s’adressent. Ainsi, une étude sortie un an après celle du CSA, et réalisée par le cabinet Trezego sur un corpus de 49 séries animées, donne le résultat suivant : les personnages masculins prédominent à 67%. 

Une quête de la diversité dans la représentation des genres

Bien que  l’on observe une progressive parité, le rapport du CSA pointe du doigt un manque de diversité aussi bien chez les garçons que chez les filles. C’est sur ce point même que travaillent beaucoup de professionnels de l’animation. « Aujourd’hui, ce que nous recherchons avant tout, c’est une galerie de personnalités différentes, une variété de profils », explique ainsi Yann Labasque, directeur de l’unité jeunesse de TF1.

Sensibles aux recommandations du CSA, les chaînes réalisent des études sur ce sujet. A l’occasion du colloque « En avant toutes », France Télévisions a analysé  60 séries animées et dressé un portrait des héroïnes de ses programmes jeunesse. Les chaînes agissent également sur la production. Dans le cadre du Marché International du Film d’Animation de 2016, France Télévisions a lancé un appel à projets avec pour thème le « récit initiatique d’une héroïne contemporaine » destiné à être diffusé sur France 3 et France 4. « Les stéréotypes ont fait long feu, on est en droit d’attendre des personnages féminins qui ne soient ni des princesses toutes roses un peu gnangnan ni des garçons manqués — ce qui est tout aussi misogyne », commente Pierre Siracusa, Directeur délégué de l’animation chez France Télévisions. La même année, TFou a lancé son nouveau concours de scénario sous le slogan « Filles et garçons, tous à fond ! » dont l’objectif est « de sensibiliser les enfants à la mixité et à l’égalité filles/garçons dans tous les domaines »