La réglementation contre les discriminations envers les homosexuel.les à la télévision
L’homophobie est définie comme « le rejet de l’homosexuel ou homosexuelle » ou « l’hostilité systématique à l’égard des homosexuel.les » [1]. La lutte contre les « dérapages homophobes » dans les médias est aujourd’hui une préoccupation socio-politique majeure : Le gouvernement en avait d’ailleurs fait une de ses priorités lors de l’ouverture du mariage aux couples homosexuel.les en novembre 2012 [2].
L’augmentation du nombre de saisies
L’augmentation de la représentation de l’homosexualité à la télévision s’accompagne à la fois d’une inflation des séquences jugées homophobes et d’une intensification de la vigilance des associations LGBT face à ce qui est susceptible d’être considéré comme « dérapage » homophobe. L’association de professionnels homosexuels L’Autre cercle a de ce fait élaboré une charte d’engagement contre l’homophobie le 30 juin 2017, signée par plusieurs groupes dont TF1. Cette sensibilisation des associations et du public se traduit par une forte augmentation du nombre de saisies pour des signalements de dérapages jugés homophobes, passant de 38 000 en 2016 à 90 000 en 2017.
A titre d’exemple, une séquence de l’émission Touche pas à mon poste sur C8, sanctionnée par le CSA pour homophobie, fut à l’origine de 43% des plaintes de 2017 selon L’Express. En effet, en moins de 72 heures, le gendarme de l’audiovisuel a enregistré trois fois plus d’alertes qu’au cours de l’année 2016 [3]. Dans cette séquence, l’animateur vedette de C8 s’était fait passer pour un bisexuel dans une petite annonce et avait répondu en direct aux hommes qui le contactaient, déclenchant l’hilarité du public. Le CSA avait alors souligné que « tout au long de cette séquence, l’animateur avait eu recours à de nombreux clichés et attitudes stéréotypées sur les personnes homosexuelles » [4].
Les modalités de réglementation du CSA
Garant de la diversité dans les médias audiovisuels, le CSA assure le respect de la loi du 30 septembre 1986 relative à la lutte contre toutes les discriminations, y compris liées à l’orientation sexuelle. L’article 15 de cette loi établit qu’il ne doit y avoir aucune incitation à la haine et aux inégalités de traitement pour des raisons de « mœurs », ce terme renvoyant notamment à la question des violences subies par les homosexuel.les à la télévision.
Le curseur des sanctions attribuées aux dérapages jugés homophobes se déplace en fonction de la capacité de maîtrise de l’antenne par les chaînes. Les dérapages d’un programme retransmis en direct, sur lequel la chaîne n’a pas un contrôle total, bénéficient d’une indulgence dont ne profite cependant pas une émission préalablement enregistrée et diffusée ultérieurement, les séquences pouvant en effet être coupées au montage si jugées comme contrevenant aux principes évoqués précédemment.
La mise en demeure adressée par le CSA à la chaîne Canal+ du 29 juillet 2017 relève de cette distinction. Le 5 février 2017, l’un des chroniqueurs de l’émission J+1 reprend en effet à son compte un chant homophobe entonné par les supporters de l’Olympique de Marseille. Si le CSA reconnaît le ton humoristique et l’objectif de dénonciation de cette séquence, c’est bien l’extraction délibérée d’un chant qui n’est plus de l’ordre du direct qui entraîne la mise en garde de la chaîne.
Pour reprendre l’exemple du canular jugé homophobe de Cyril Hanouna, sanction exemplaire de 3 millions d’euros infligée le 26 juillet 2017 infligée le 26 juillet 2017 à la chaîne C8 s’explique à la fois par le dérapage, survenu en direct, mais aussi par le nombre record des 47 000 plaintes enregistrées et le fait qu’il s’agisse de la troisième mise en demeure de la chaîne.
[1] Définition du dictionnaire Larousse 2017
[2] Audition à l’Assemblée nationale de Najat Vallaud-Belkacem, alors Ministre du Droit des femmes, qui s’exprime au sujet de la la lutte contre l’homophobie : https://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/lutte-contre-lhomophobie-laudition-a-lassemblee-nationale/